F comme Fannystelle

Hippolyte "Odilon" Arnal, né le 17 septembre 1849 à la Malène, est le neveu de mes sosas 94 et 95. Troisième d'une famille de 4 enfants, il a été élevé dans un mileu relativement aisé et instruit. Son père était maire de la Malène, et sa mère, Marie-Célestine Monestier, provenait d'une famille aisée de Saint-Rome de Dolan.

En 1869, il se marie avec Marie-Octavie Fages, surnommée Aurélie, originaire du hameau des Avens, sur la commune de la Parade. Le couple s'installe à Drigas, et très rapidement nait leur première fille. Ils auront 8 enfants :

• Marie-Esther Noémie en 1869
• Marie-Esther Ludovie "Augusta" en 1871
• Pierre Odilon "Marcel" Frédéric en 1872
• Marie-Eugénie Reine en 1874
• Odilon Joseph Isidore en 1876
• Henri Joseph en 1879
• Benjamin Joseph Gabriel en 1882
• Almir Joseph en 1885.

En 1871, il est élu maire de Hures et reste en fonction jusqu'à son départ, en 1893.

Odilon décida de tenter sa chance au Canada en acceptant l'invitation d'un colonisateur Canadien qui recrutait des colons francophones en leur promettant une vie meilleure. La décision fut prise à l'encontre des souhaits de sa fille Augusta qui souhaitait rester en France.

Commença alors un grand périple : Le 14 octobre 1893, la famille quitta Rouen pour Glasgow, accompagnée par d'autres colons français comme Alexandre et Marie Prévost. La famille Arnal traversa l'Océan Atlantique sur le bateau à vapeur SS Albion Siberian entre le 21 octobre et le 7 novembre. Ils arrivèrent au port de Québec après l'escale à Saint Pierre et Miquelon, les îles françaises sur la côte ouest du Canada.

Fannystelle est située à 49 km à l'ouest de Winnipeg, dans la province du Manitoba. Financée par la comtesse Marthe D’Albuféra, qui y envoie son agent Thomas Alfred Bernier pour commencer la construction, la colonie est baptisée en hommage à sa dernière confidente Fanny Rives (Fanny’s Star) dont un monument commémoratif fut installé dans l'église du Sacré Cœur.

Une chapelle et un presbytère sont établis l'été suivant ainsi que les premières habitations qui accueillent les immigrés français en 1889, 1891, 1895, et 1899.

Beaucoup de français se sont installés au Manitoba à cette période. Alléchés par le slogan "des terres pour rien", ils délaissèrent leurs exploitations pour la grande aventure, avec plus au moins de succès. Le peuplement des terres de l'Ouest est une initiative gouvernementale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe par laquelle on attire des immigrants dans les provinces de l'Ouest du Canada en offrant des terres à des prix dérisoires. En vertu de la POLITIQUE SUR LES TERRES FÉDÉRALES, 160 acres (65 ha) ne coûtent que 10 $, mais le colon doit construire une maison, souvent faite de rondins, ou une simple hutte de terre et cultiver une superficie déterminée au cours des trois années qui suivent son établissement. Un nouveau colon a besoin d'outils agricoles élémentaires et, comme les chevaux sont dispendieux, la plupart utilisent des boeufs pour défricher et labourer la terre. Ils doivent aussi aménager des coupe-feu pour protéger les bâtiments agricoles contre les incendies, en plus de cultiver des légumes et de chasser pour compléter leur alimentation. Si l'eau est de mauvaise qualité, ils doivent recueillir l'eau de pluie ou la neige fondante.

La famille Arnal arrivée en novembre fut choquée  par les températures très froides du Manitoba. Les trois fils les plus âgés quittèrent les autres dans la ville de Starbuck et allèrent plus à l'ouest pour trouver une maison. Ils laissèrent 10 $ de caution pour des hébergements à Rathwell. A leur retour à Starbuck, ils apprirent que leur père avait déjà établi la famille dans une ferme parmi des saules et des chênes sur les rives de la rivière La Salle. La ferme de 320 acres était située au nord de la route provinciale numéro 2 à l'ouest de Starbuck, une ville à 27 miles à l'ouest de la capitale du Manitoba, Winnipeg.

Tous les enfants se sont mariés et ont fondé une famille dans les environs de Fannystelle et de Starbuck. Le cimetière de Fannystelle regroupe les sépultures de cette famille lozérienne, bien loin du Causse méjean !